INVITATION COMMEMORATION POUR LE 70e ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA GUERRE EN INDOCHINE 1954/2024

La section UNP Haute Somme organise une cérémonie au mémorial AFN INDOCHINE, rue Jules Verne à Péronne, le :

SAMEDI 1er juin 2024

10H30 mise en place, ACCUEIL

11H CEREMONIE :
Accueil des personnalités, montée des couleurs, bénédiction du monument, allocution, prière du para, dépôt de gerbes, sonnerie aux Morts, marseillaise, remerciements.

12h APERITIF DEJEUNATOIRE AU CAMPING « le Brochet » ***

13h30 ACCUEIL A L’HISTORIAL DE LA GRANDE GUERRE

Présentation du film documentaire « le sacrifice », Philippe DELARBRE, cinéaste-réalisateur, suivi d’un débat avec l’exceptionnel Pierre FLAMEN, rescapé de la bataille de DIEN BIEN PHU, grand officier de la Légion d’Honneur.

***réponse souhaitée pour le 10 mai

Contact : jeanpierre.pierrard@wanadoo.fr
Tel.06 44 80 17 24

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Visioconférence internationale sur “la lente agonie des prisonniers du CEFEO dans les camps du Viêt-minh”

Par le LCL (er) Philippe CHASSERAIUD, vice-président ANAPI île de France.

Le samedi 4 mai 2024, une visioconférence évoquant le sort tragique des prisonniers dans les camps du Viêt-minh entre 1945 et 1954 a été prononcée par Philippe Chasseriaud, président IdF de l’ANAPI.

Intégrée au cycle de conférences du réseau Monsieur Légionnaire et de l’Association des Anciens Combattants de la Légion Étrangère (AACLE), celle-ci a été suivie par 10 381 auditeurs et retransmise dans 11 autres pays : Grèce, Espagne, Allemagne, Belgique, Burkina, Guinée-Conakry, Gabon, Singapour, Japon, Vietnam, Etats-Unis.

A cette occasion, les points suivants

Le samedi 4 mai 2024, une visioconférence évoquant le sort tragique des prisonniers dans les camps du Viêt-minh entre 1945 et 1954 a été prononcée par Philippe Chasseriaud, président IdF de l’ANAPI.

Intégrée au cycle de conférences du réseau Monsieur Légionnaire et de l’Association des Anciens Combattants de la Légion Étrangère (AACLE), celle-ci a été suivie par 10 381 auditeurs et retransmise dans 11 autres pays : Grèce, Espagne, Allemagne, Belgique, Burkina, Guinée-Conakry, Gabon, Singapour, Japon, Vietnam, Etats-Unis.

A cette occasion, les points suivants ont été abordés :
– l’évolution du statut du prisonnier et son endoctrinement idéologique par le Viêt-minh
– la mise en œuvre des mécanismes d’effraction psychique et de rééducation
– les complicités politiques en France
– la libération des prisonniers : des centres de désintoxication à l’indifférence générale

En conclusion a été évoquée la possibilité que certains prisonniers aient été gardés captifs au Vietnam en dépit des accords de Genève.

ont été abordés :
– l’évolution du statut du prisonnier et son endoctrinement idéologique par le Viêt-minh
– la mise en œuvre des mécanismes d’effraction psychique et de rééducation
– les complicités politiques en France
– la libération des prisonniers : des centres de désintoxication à l’indifférence générale

En conclusion a été évoquée la possibilité que certains prisonniers aient été gardés captifs au Vietnam en dépit des accords de Genève.

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Témoignage de Mr Jacques DOP

Retranscription de la conférence donnée en 1955 par Monsieur Jacques DOP, à partir de ses souvenirs de lieutenant, arrivé en Indochine en septembre 1950. Muté du 3ème BEP au 1er BEP, il rejoint la 3ème compagnie commandée par le capitaine LOTH. Il a alors 27 ans et fait partie des éléments de la relève du 1er BEP en Indochine.

Messieurs,

Le Colonel MOUZELLE m’a demandé à mon retour d’Indochine où j’ai passé un peu plus de 4 ans, de vous parler de mon séjour et de ce que j’ai pu remarquer et apprendre au cours des combats et de ma petite mésaventure.

Pour moi la période de combat n’a pas duré très longtemps (1 mois et 4 jours), puis ce fut une captivité de 4 années.

Mon expérience des combats est donc très courte. Je suis parti en Indochine avec un bataillon de Légion Etrangère Parachutiste, bataillon spécialement créé en vue des opérations en Indochine. Comme vous le savez, la Légion est une arme d’élite, sûre et solide.

Ce sont tous des engagés d’au moins 5 ans, souvent même des rengagés, donc des hommes rompus à l’art de la guerre et bien entrainés.

Il est donc intéressant d’avoir formé parmi cette troupe des Unités parachutistes. Ce qui permettait en 5 ans d’avoir des Unités parfaitement entrainés à ce genre de combats.

Gros avantage si on les compare aux Bataillons d’appelés Français qui ne font que 18 mois, temps relativement court pour former des combattants spécialisés.

Mon unité, de la valeur d’une Compagnie, fut formée en Algérie et envoyée au Tonkin en aout 1950 pour assurer la relève du 1er BEP.

La relève de ce Bataillon se faisait en effet par tranches et non en bloc, ce qui avait le gros avantage de conserver à l’intérieur de l’Unité des cadres et des hommes ayant déjà une solide habitude du pays et du genre de combats qu’on y mène.

Lorsque que nous arrivâmes au Tonkin, notre Unité était déjà engagée depuis quelques jours dans la zone frontière pour opérer le repli de la R.C 4.

Nous fûmes à titre d’entrainement rapidement utilisés pour effectuer des opérations de police dans le Delta. Mais les évènements se précipitant, nous fûmes consignés et placés en état d’alerte, prêts à intervenir immédiatement.

Le Commandement avait formé un bataillon d’intervention en adjoignant notre Compagnie à des éléments du 3ème Bataillon colonial de commandos parachutistes, unité qui revenait d’opérations et était en fin de séjour, donc assez réduite du point de vue effectif, mais ayant de l’expérience et une connaissance parfaite du Pays.

​Lorsque je dis que nous étions prêts à intervenir immédiatement cela veut dire que l’unité au complet pouvait ½ heure après réception de l’ordre décoller du terrain d’aviation avec tout son matériel.

Les préparatifs d’une opération aéroportée sont, à l’échelon Chef de section tout au moins, un ballet bien réglé.

Une fois en état d’alerte les Chefs de section s’assurent de l’effectif disponible, lui font percevoir l’équipement, l’habillement, les chaussures, les vivres de combat, l’armement, les munitions, vérifient minutieusement la confection des sacs.

Il ne faut emporter que le nécessaire, le poids et la place jouant un rôle très important dans les opérations de ce genre. Puis ils vérifient avec non moins de minutie le fonctionnement des armes, la dotation en munitions de chaque homme, le fonctionnement des postes radio et des explosifs.

Ils procèdent à la confection des gaines contenaires et à la répartition par avion et enfin à l’essayage des parachutes.

​Une fois toutes ces opérations terminées, l’unité est rassemblée et les faisceaux formés auprès des camions qui doivent nous transporter à la base d’aviation.

Après l’inspection du Commandant d’unité un ou plusieurs exercices d’embarquement dans les véhicules est exécuté.

Les hommes ont alors repos sur place et commence la longue attente de l’ordre de départ, viendra-t-il ne viendra-t-il pas ? En attendant, les paquets de cigarettes s’ouvrent nerveusement et se vident rapidement.

​Enfin une estafette arrive avec les ordres, les Officiers sont rassemblés et les ordres sont donnés avec les cartes renseignées et les photos aériennes de la région où l’on va opérer.

Un coup de sifflet est donné, tout le monde embarque et direction le terrain où les avions nous attendent.

C’est ainsi que mon Unité fût engagée le 8 Octobre 1950 pour venir au secours de 9 Bataillons du C.E.F.E.O. commandés par les Colonels Charton et Lepage, en difficultés sur la R.C. 4 après les replis de Cao Bang et Dong Khé.

​Notre mission était de tenir Tath Khé pour permettre la récupération des débris de ces deux colonnes et permettre leur repli.

La mission fût remplie mais hélas nous ne devions pas récupérer grand monde. Les journaux de l’époque parlèrent parait-il de désastre. D’un certain point de vue c’en était un, nous avions perdus la zone frontière ; mais le repli était prévu par le Haut Commandement depuis déjà longtemps.

Cette région étant parfaitement intenable par les effectifs mis en ligne à cette époque.

Désastre a-t-on dit du point de vue potentiel humain, c’est inexact puisque tous les bataillons engagés étaient en fin de séjour.

Donc le C.E.F.E.O n’avait pas à en souffrir du point de vue effectif.

​Pour en revenir à mon unité, après avoir récupéré les débris des colonnes Lepage et Charton qui avaient succombé sous le nombre des ennemis bien équipés et entrainés dans des camps en Chine et après avoir protégé le repli de Tath Khé, nous devions rejoindre par la route la piste de Nacham via Langson.

​Hélas nous devions tomber sur une grosse coupure et une énorme embuscade au lieu-dit Deo Kath. Ma section reçut pour mission d’occuper un piton et de s’y maintenir pour tenir la route et permettre au reste du bataillon d’effectuer une percée ou de contourner la résistance pour rejoindre la route.

​Hélas la résistance était trop forte pour nous et les renforts ennemis ne cessaient d’affluer et bientôt tout espoir de culbuter ou de contourner la résistance nous fût interdit, l’appui aérien était insuffisant et inefficace. Dans ce Pays du reste l’aviation ne peut être d’un grand secours.

​Il faut connaitre les calcaires de la Haute Région du Tonkin pour s’en faire une idée. Je ne puis mieux comparer cette région qu’à une Baie d’Along terrestre où la mer est remplacée par une végétation luxuriante pour ainsi dire impénétrable d’où émergent des pitons calcaires abrupts couverts également de cette végétation tropicale. Un Pays Dantesque.

​Aussi s’enfoncer dans cette région était une solution désespérée, c’était abandonner la route à l’ennemi, c’était pour nous la perspective d’une marche exténuante avec l’impossibilité de ravitaillement en vivres et en munitions.

Ce fût cependant la seule qui s’offrait à nous et je reçus l’ordre de replis que j’exécutais après avoir perdu les ¾ de mon effectif.

Les Viets ayant attaqué furieusement et nous ayant fait subir un tir très ajusté d’armes automatiques : F.M, mitrailleuses légères, lourdes, et mortiers de 81 et ayant effectué plusieurs assauts, arrivant en rangs serrés jusqu’à 15 mètres des F.M nous obligeants par 3 fois à nous dégager à la grenade, laissant de nombreux morts sur le terrain.

Nous dûmes abandonner morts et blessés étant dans l’impossibilité de les transporter.

Ce fût alors pour notre colonne une marche exténuante dans la jungle et les calcaires sous une chaleur torride. Pendant 6 jours nous marchâmes jours et nuit, continuellement harcelés par les Viets.

Rapidement à court de vivres et de munitions, souffrant de la soif et du manque de sommeil, subissant des pertes continuelles dues aux balles ennemies ainsi qu’à la fatigue, c’est l’après-midi du cinquième jour que nous fûmes complétement encerclés et nous dûmes former le carré sur un piton jusqu’à la nuit.

L’ordre fût alors donné de se former par petits éléments pour essayer, à la faveur de la nuit, de s’infiltrer et passer les lignes ennemies.

​La manœuvre réussit mais hélas en 6 jours dans la brousse nous n’avions pas fait beaucoup de chemin et les Viets par la route nous avaient largement débordés.

Les postes que nous devions rejoindre étaient déjà entre leurs mains et nos petits éléments peu à peu exténués de fatigue et à bout de force tombèrent entre leur mains.

Voici le bref récit du sacrifice du Ier BEP parut dans un N° de la revue de la Légion Etrangère.

Quant aux prisonniers de guerre, nous nous attendions au pire. Mais les Viets, fiers d’avoir capturé un nombre assez élevé d’hommes, décidèrent de faire des prisonniers.

C’est alors que commence pour nombre d’entre nous une captivité qui devrait durer 4 longues années.

​Avant de vous parler de cette période, je voudrais en rassemblant des souvenirs de conversations avec des camarades qui, mieux que moi purent participer à de nombreux combats, ainsi qu’à partir de mon expérience personnelle, tirer les enseignements suivants :

​Le gros handicap pour nous troupes d’interventions était :

1- La méconnaissance du Pays, je veux dire des pistes. Le manque de guides, les photos aériennes ne donnant pour ces régions aucun renseignement positif.

2- La lourdeur de nos colonnes qui étaient liées à la route.

3- Ce qui définit le mot « lourdeur » : notre équipement et notre nourriture. Nous avons pu constater en effet que le soldat Viet est beaucoup plus léger.

Son équipement est le  suivant :

Sur lui :

– 1 casque léger en feuilles de latanier

– 1 pantalon de cotonnade

– 1 chemise de cotonnade

– Quelques fois un petit flottant qui remplace le slip ou le short

– 1 paire de sandales dont la semelle est taillée dans de vieux pneus d’autos et les lanières faites en vieilles chambres à air. Cette chaussure si j’ose m’exprimer ainsi est la plus pratique et la mieux adaptée que nous ayons pu connaitre et expérimenter.

Dans son sac : tout d’abord le sac est extrêmement léger, en toile kaki contenant :

– Une moustiquaire

– Une petite couverture en duvet

– Une chemise et un pantalon de rechange

– Un maillot de corps

– Souvent un grand carré en nylon imperméable extrêmement léger

– Un quart pour boire, rarement un bidon, pas de gamelle.

Comme nourriture la boule de riz dans un petit sac en toile pour la journée, 1kg 200.

Dans un sac également en toile et en forme de boudin généralement placé autour du corps, 3 à 4 jours de riz cru représentant un poids total de​1kg200 à 1kg500, plus une petite réserve de sel, d’environs 15 gr par jour.

Cette nourriture très frugale leur est suffisante pour tenir et offre de très gros avantages.

Pendant 4 ans nous l’avons expérimenté, avec la différence qu’un européen a besoin pour vivre de 800 gr de riz par jour au lieu de 600. Les avantages d’une telle nourriture sont les suivants :

1- Poids minimum

2- Grande digestibilité, aucune lourdeur d’estomac, aucun risque d’insolation due à une digestion pénible suivie de congestions

3- Evite le besoin de boire. 800 gr de riz cru donnant 1kg600 de riz cuit, donc ayant absorbé une énorme quantité d’eau. Nous avons avec ce régime fait des marches de 35 km avec un chargement de 30kg en plein soleil aux mois les plus chauds de l’année.

De cette façon les colonnes sont extrêmement légères, ne sont plus liés à la route et ont une grande autonomie ainsi qu’un rayon d’action étendu.

Évidemment il faudrait que nos troupes s’habituent à ce genre de vie, qui ne peut néanmoins durer trop longtemps, mais au moins pendant le temps des opérations.

De plus l’allégement en équipement,  vivres et habillement permettraient une augmentation de la dotation en munitions.

Il m’est difficile à mon échelon de tirer d’autres conclusions et enseignements, ainsi vais-je passer à la 2e partie de ma causerie : la période de captivité.

Depuis que je suis libéré, bien souvent on m’a posé la question : « avez-vous été torturé ? ». Je ne puis que répondre que nous n’avons été l’objet d’aucuns sévices caractérisés ; mais j’ajoute à cela que nous avons été faits, en 1950, 3000 prisonniers et 2 ans après il y avait eu 2200 morts.

Dès notre capture, nous avons étés dépouillé de tous papiers, couteaux, crayons, montres, bijoux, ceinturons, glace, puis après une interminable route attachés les uns aux autres envoyés sur les camps de la frontière de Chine.

Les Officiers furent mis à part dans le même village que la troupe, logés chez l’habitant, faisant notre cuisine nous-même.

Ce régime ne dura que peu de temps et nous fûmes changés de village avec interdiction de faire la cuisine.

Pendant une période d’environs 8 mois nous fûmes séquestrés dans des Kha nha empilés à une quinzaine par pièce. Interdiction de parler aux camarades des chambres voisines sous peine de sanctions qui étaient de plusieurs jours d’étable à buffle.

L’emploi du temps était le suivant :

– Réveil 5 heures (on se demande pourquoi). Nous devions alors nettoyer notre logement, puis appel, un Viet passait dans les chambrées pour nous compter, après ½ heure de baignade dans une petite rivière d’eau croupissante où se baladaient tous les canards du village et Dieu sait s’il y en a dans ce Pays.

Puis nous revenions dans nos chambrées et on attendait la soupe : environs 500gr de riz bouilli à l’eau et une soupe, un plein seau, Oh ! ça il y en avait, un plein seau d’eau, plus ou moins bouillie, dans laquelle nageaient des épluchures de patates douces. Ce maigre repas absorbé nous attendions celui du soir. Nous ne pouvions rien faire d’autre n’ayant ni couteau, ni ficelles, ni papier, ni crayon, ni cartes, rien, absolument rien.

Nos histoires, des uns et des autres, ayant été racontées dans leurs formes romancées puis dans leurs formes revues et corrigées, nous les connaissions par cœur.

Même pas à discuter sur la composition du menu du soir puisque c’était le même que celui du matin ; de la veille et du lendemain.

Aucune nouvelle, pas de lettres, encore moins de colis… traités comme des bêtes, les Viets ne voulaient même pas que nous nous interpellions par nos grades, « vous êtes de ex-Officiers » disaient-ils, mais ils n’obtinrent jamais satisfaction à ce sujet.

Un beau jour, la méthode changea et ce fût l’ère du travail forcé, corvées de bois exténuantes, corvées de riz, à 25 et 30 km du camp, corvées exécutées pieds nus avec 25kg au moins sur le dos et pas grand-chose dans l’estomac.

Nous changions souvent de camp, toujours aussi mal logés, un espace de 50 à 60 cm par homme pour dormir sur un plancher aux planches souvent disjointes.

L’hiver nous souffrions du froid, l’été des moustiques. Puis vint dans le camp un Commissaire politique qui nous fit un grand laïus nous prônant les beautés du régime, voulant nous montrer notre erreur criminelle de combattre pour le camp capitaliste et impérialiste.

Le discours nous fût fait au cours d’une réunion spontanée, c’est-à-dire que nos gardes étaient venus nous chercher dans nos chambrées puis rassemblés colonne par 3 et conduits sous bonne escorte au lieu de réunion, lequel état solidement gardé par une compagnie avec F.M., mitrailleuses et même mortier de 81 en batterie.

C’est dans cette chaude ambiance remplie de spontanéité que pour la première fois on nous traita de camarades et que ‘l’on nous dit la possibilité en évoluant politiquement, d’une libération anticipée sous conditions.

Mais nous n’étions pas encore mûrs et ils n’eurent aucun résultat.

La vie repris mais nous nous affaiblissions un peu plus tous les jours, la maladie faisait des ravages de plus en plus. Le nombre des malades était impressionnant et les valides étaient squelettiques, moralement nous étions très bas et nous nous rendions compte que dans un délai plus ou moins long nous finirions tous par trépasser.

Physiquement et moralement nous étions très bas, sans aucune nouvelle de l’extérieur, continuellement rabaissés par les Viets, subissant des vexations continuelles.

Enfin un jour le Commissaire politique revint, c’était près d’un an après notre capture. Il recommença son baratin, nous demanda de signer un manifeste sur la Corée, mon Dieu ce n’était pas très important, d’un commun accord tout le monde signa, on nous parla alors de libération. Nous ne savions pas que le doigt était pris dans l’engrenage et qu’il serait très difficile de ne pas y passer tout entier.

Ce que nous avions gagné ce fût tout de même une amélioration matérielle. Mais ce fût pour nous et jusqu’à la fin de notre séjour la période politique qui s’ouvrait.

Ce fût tous les jours des séances dites d’informations de plusieurs heures que nous devions subir. Je me rappelle du titre d’une de ces toutes premières séances : « le soldat français à la croisée des chemins ». Elle eut lieu l’après-midi et dura 3 heures. Trois heures d’inepties, d’idées fausses où nous étions bafoués, où la France n’avait jamais rien fait de bien dans ces colonies.

A l’issue de la séance, le Chef de camp, car c’était lui ou son adjoint qui présidait ce genre de séance, tous leurs cadres parlaient Français étant tous de culture Française, élevés dans les Lycées et universités de Saigon, Hanoï voire même Paris ou Bordeaux.

Le Chef de camp, dis-je, nous posa par écrit, car pour la circonstance on nous donna papier et crayon, des questions auxquelles il fallait répondre par écrit pour le lendemain après en avoir discuté dans les chambres et par groupe le soir.

Le soir, la discussion eut lieu et fût même animée et nous répondîmes aux questions en dénonçant les erreurs. Qu’avions nous fait là !

Le lendemain,  le Chef de camps nous traita plus bas que terre et nous dit que nous n’avions rien compris et que surtout nous ne savions pas discuter Alors il reprit pendant 3 ou 4 heures la même séance que la veille et posa les mêmes questions.

Nous en rediscutâmes mais nous répondîmes cette fois avec plus de diplomatie en étant d’accord sur certains points mais cependant… toutefois… etc, etc.

Le Chef de camp ouvrit alors la séance le sourire aux lèvres, était-il vrai ou faux ? Ces gens-là sourient tout le temps mais ne rient jamais.

Il nous félicita d’avoir mieux discuté puisque sur certains points nous étions d’accord avec lui-même, et puis ce fût une semonce terrible avec un air méchant et cruel qui celui-là était bien vrai.

Nous ne savions quand même pas bien discuter puisque nous avions encore énormément d’idées erronées.

Et pour la 3e fois la séance porta sur le même sujet que la veille et l’avant-veille, suivi des mêmes questions.

Ce soir-là, il n’y eu pas de discussions dans les chambres et nous tombions d’accord sur tous les points avec leur baratin. Nous avions appris que la discussion était impossible en pays communiste.

Nous eûmes cependant de longues théories sur la manière de mener une discussion, je dirais plus exactement de diriger car sous ce régime de liberté tout est dirigé.

C’est tout de même un art que je ne soupçonnais pas et qui est minutieusement défini.

Nous reçûmes alors des brochures tracts de propagande de toutes les démocraties populaires : URSS, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Pologne, Chine.

Toutes exactement emploient jusqu’au même vocabulaire, toutes à la gloire du régime. Nous eûmes aussi 4 ou 5 romans russes et nous pûmes apprécier la littérature et la poésie dirigées.

Pendant un an tous les poètes et écrivaines Russes ne glorifient que l’excavateur à patins, une merveille de l’industrie lourde mis au service du chantier Don-Volga ou d’un autre.

Nous avions aussi la chance de recevoir des journaux Français, l’Humanité et Lettres Françaises vieux de 5 ou 6 mois minimum.

Les Viets peu à peu organisèrent la vie au camp sur le modèle d’une petite République Populaire Démocratique, bien entendu à leurs ordres.

Ils faisaient leur petit Moscou. Il fallut procéder à l’élection d’un Comité politique dit de « Paix et de rapatriement ». Les candidats furent élus à l’unanimité grâce au petit travail d’explication auquel le Commissaire politique s’était livré.

On nous faisait toujours miroiter une libération, si nous la méritions, pour cela il fallait évoluer, c’est-à-dire être bon élève en politique, au travail, etc, etc.

Il y eu des périodes d’émulation pour le travail avec l’élection du meilleur Stakhanoviste, suivie de l’émulation pour l’hygiène, on nous a appris à nous tenir propre sans savon ni brosse à dent ni rasoir, bref, une période d’émulation en suivait une autre, j’oubliais l’émulation politique.

Avec cela nous n’avions pas une seconde de tranquillité la période d’émulation s’ouvrait et se clôturait par un meeting, banderoles slogan affichés ou criés avec enthousiasme. Je m’en rappelle un au sujet de l’hygiène :

Une voix : – A chaque mouche

Le chœur des assistants : -La mort vous touche !

Des portraits étaient affichés, ceux des grands hommes de ce monde : Staline, Mao Tsé Toung, Ho Chi Minh.

Il y avait des discours entrecoupés de chants et d’applaudissements spontanés sur ordre du surveillant général.

Une tribune libre à laquelle pouvaient prendre la parole les PG évolués après avoir soumis un jour à l’avance leur speech à la censure Viet.

Il y eu alors dans le camp une maladie qui se mit à sévir : la libérite. Certains d’entre nous n’en pouvant plus se mirent à jouer le jeu c’est-à-dire à publier des écrits dans des journaux muraux, à prendre la parole aux tribunes libres.

Alors ils étaient classés comme évolués et se voyaient confier les postes de chef de groupe.

Le camp dans son ensemble jouait ou arrivait à jouer plus ou moins bien le jeu lorsque naquit l’ère de la critique et autocritique.

C’est une arme terrible dans les mains de celui qui détient l’autorité. En effet il est dit dans le préambule que la critique doit toujours être faite dans un but constructif et sans animosité.

Que le critiqué doit accepter la critique amicalement et en tire profit pour se corriger et se perfectionner. Il doit alors procéder à son autocritique, c’est-à-dire reconnaître publiquement ses erreurs et promettre de s’amender et se corrigeant et en suivant les conseils qui viennent de lui être donnés.

Donc avec ce système si quelqu’un vous critique, et généralement ce quelqu’un est très bien en cours auprès du pouvoir dirigeant, il ne vous reste plus qu’à accepter la critique et à faire votre autocritique si vous ne voulez pas passer pour une vipère lubrique, réactionnaire qui ne veut accepter aucun conseils amicaux et constructifs ayant pour but de vous aider à évoluer dans le bon sens.

Donc si vous vous autocritiquez en reconnaissant les faits qui vous sont reprochés (faits qui peuvent très bien être inexacts) et en promettant de vous corriger, dès cet instant vous êtes pris, vous avez avoué, c’est noté et bien noté.

Et pourtant une autre solution eut été pire tout au moins dans l’immédiat.

C’est ainsi que des camarades qui s’étaient mis en vedette dans l’espoir d’une libération furent amenés à formuler des critiques vis-à-vis  des divers éléments de leur groupe, puis peu à peu pris dans cette machine infernale, furent amenés à faire quelques malpropreté pour, à de rares exceptions, être libérés par anticipation.

En quatre ans les discours politiques que nous dûmes ingurgiter changèrent souvent de ton, arrivant jusqu’à se contredire, du moins le semblait-il à nos yeux de Capitalistes Impérialistes car en réalité il en est tout autrement pour le parfait marxiste.

Il faut avoir recours pour cela à la dialectique et à la théorie de l’évolution.

Je dis blanc aujourd’hui et noir demain, mais je n’ai jamais menti ni même pour être moins entier travesti la vérité, tout cela est fonction des circonstances, du temps et du lieu.

Pendant cette longue période ce fut pour notre camp le régime de la douche Ecossaise.

Un beau jour nous étions jugés comme évolués et aptes à être libérés, nous entrevoyons alors la possibilité de fuir cet enfer et retrouver la liberté mais le lendemain nous n’étions plus que des mercenaires réactionnaires et tortionnaires à la solde des capitalistes impérialistes.

S’évader était une aventure quasi impossible qui fut tentée plusieurs fois et a toujours échoué.

Un chef de camp un peu intelligent nous dit un jour « ici dans ce camp, dans cette région, vous n’êtes pas prisonnier des sentinelles mais de votre peau. »

C’était exact, nous devions rester là et jusqu’à quand ?

Peu avant l’armistice, un Commissaire politique nous avait prévenus : « même s’il y a un armistice, nous ne sommes nullement obligés de vous rendre.

Nous ne vous rendrons que lorsque vous serez évolués et nous ne sommes pas pressés, nous y mettrons 5 ans, 10, 20 s’il le faut », douce perspective d’autant que pour ma part je n’ai jamais pu arriver à savoir quand on était classé “évolué” et ce qu’il fallait faire exactement pour en arriver à ce stade.

C’est aussi avec une joie immense que le 2 Septembre 1954, nous retrouvions la liberté lorsque nous mîmes le pied sur les bateaux battant pavillon français, venus nous chercher à Vietry.

Aussi après ces 4 longues années, on ne peut nous demander d’aimer ce peuple ou plus exactement les ressortissants de ce régime.

Aussi est-il pénible de voir qu’à Bordeaux salle de l’Aiglon, place Puy Pollin pour la fête du Têt tous les vietnamiens de Bordeaux étaient réunis autour des portraits d’Ho Chi Minh et du drapeau rouge à étoile jaune et que debout l’assemblée chantait l’Internationale, suivie de discours extrêmement tendancieux.

Vraiment la France est le Pays de la Liberté.

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Monin-Cournil Laure – Dien Bien Phu, des tranchées au prétoire

Etude historique de la bataille de Diên Biên Phu centrée sur ses protagonistes. Elle éclaire le vécu des soldats, issus d’horizons divers, qui ont créé une micro-société et fait revivre le procès, passé sous silence dans le contexte de défaite héroïsée de la fin des années 1950, qui a opposé les deux généraux aux commandes.

Vous pouvez acheter ce livre ici !  https://www.librairiepradoparadis.fr/product/270977/monin-cournil-laure-dien-bien-phu-des-tranchees-au-pretoire

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Bruge Roger – Les hommes de Dien Bien Phu

Résumé

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Exposition, film et conférence à Laxou

Laurent GARCIA Maire de Laxou
Conseiller Départemental du canton Laxou, David GARLAND Adjoint au MairevDélégué à la Culture et à l’E,
Marc BORE Correspondant D Conseiller Municipal Délégué aux Cérémonies Publiques et Claudette ROUX LAURENT Présidente ANAPI Nord, Christian VENNET et Jean DEVOS Présidents UNP 541 et 542
ont le plaisir de vous convier au vernissage de l’exposition Dien Bien Phu 1954-2024.
A 14h, le vernissage sera précédé par la projection du film “Le sacrifice” par le Réalisateur Philippe Delarbre, suivie d’une conférence sur Dien Bien Phu par le Général Philippe de Maleissye.
Salle Pergaud 1
place de la liberté à Laxou Village
Vendredi 26 avril à 18h
à la Bibliothèque – Médiathèque
17 rue de Maréville à Laxou

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Commémoration du 70eme anniversaire des combats de Dien Bien Phu à Nogent sur Marne et à l’Arc de Triomphe

 

Chers amis, chers camarades,

A l’occasion du 70eme anniversaire des combats de Dien Bien Phu, l’ANAPI et l’ARC-DIEN BIEN PHU vous invitent à participer à la cérémonie qui aura lieu le MARDI 7 MAI à 10H45 au monument aux morts de Nogent sur Marne .

En cette grande année mémorielle exceptionnelle, n’hésitez-pas à mobiliser le plus grand nombre possible de vos amis, adhérents, sympathisants, porte-drapeaux…nous devons être très nombreux à ce grand rendez-vous de l’Honneur et de la Fidélité à nos morts et à nos derniers Grands Anciens.

Pour ceux qui le souhaitent, un repas ouvert à tous est organisé au Fort de Nogent où nous serons accueillis par nos amis du GRLE. Inscription obligatoire avant le 5 Mai.

Le soir à 18h, nos deux associations déposeront une gerbe à l’Arc de Triomphe.

Merci de bien lire le courrier en pièce jointe rédigé par le CGA Philippe de Maleissye, Président de l’ANAPI.

Nous comptons sur vous

Amitiés

Eric FORNAL

SG ANAPI

Commémoration du 70eme anniversaire des combats de Dien Bien Phu à Nogent sur Marne et à l’Arc de Triomphe Lire la suite »

Adjudant Guy Prigent dit » Le mousse »

Prigent est à l’extrême-droite.

Dien Bien Phu. Samedi 10 avril 1954. Cela fait presque trois semaines que le 6° Bpc a sauté en renfort du camp retranché. Nous sommes quelques jours après la Bataille des cinq collines, soit le 30 mars, quand le vietminh après une forte préparation d’artillerie tente de reprendre les points d’appui tenus par les français.

Ce jour- là, le Commandant Bigeard reçoit l’ordre de reprendre Eliane I. La 12° Compagnie du Lieutenant Trapp est désignée pour l’assaut. Le sommet est certes repris mais de nombreux chefs de sections sont tués ou blessés.

L’Adjudant Guy Prigent, Chef de section Appui, et alors qu’il se trouvait sur la colline mitoyenne d’Eliane IV, vient d’être tué sous un tir de mortier de 120.

La véritable valeur d’un Bataillon parachutiste, se mesure autant grâce à ses officiers que dans la qualité de ses sous-officiers qui savent inculquer un esprit de corps !

Pierre Sergent n’aurait pas dit mieux que ces derniers étaient les « Maréchaux du 6 ». L’un d’entre eux fût Guy Prigent.

Il est né le 15 octobre 1924 à Hanoi, où son père , alors Chef d’Escadron de l’Artillerie coloniale était stationné, avant d’être affecté en 1939 à Port de France.

La Martinique reste alors, tout comme la Marine en réaction de Mers –el –Kébir, fidèle au Gouvernement de Vichy, alors que la famille de Guy serait plutôt favorable au gaullisme.

Pendant que son père reste aux Antilles, comment un jeune homme peut-il rester en dehors de la guerre ? Comment à 20 ans peut- il rester à l’écart de son pays en danger ?

Dans l’ordre (tous les 3 tués le 10 avril à Dien Bien Phu lors de la seconde reprise d’Eliane1) : Sergent-chef Balliste (chef 1ere section 12em Cie 6em BPC) – Sergent Gosse (SOA 1ere section Balliste) – Adjudant Prigent (chef de la section des mitrailleuses lourdes 12em Cie 6emBPC)

C’est de Sainte-Lucie aux Antilles anglaises qu’il vient de rejoindre, qu’il pourra s’embarquer pour New York. Là, le 1er mai 1943, à peine âgé de 18 ans, il souscrira un engagement dans la Marine qui lui permet ainsi de rejoindre l’Europe.

C’est de cette époque que pour beaucoup, il restera « le Mousse » ». Mais ce n’est pas la Marine qui l’intéresse réellement, mais l’arme naissante des parachutistes de la France Libre.

Arrivé à Glasgow, il quitte la marine et souscrit un nouvel engagement au titre du 4°Bataillon d’Infanterie de l’Air.

Il sera dirigé vers le camp d’Auchinleck pour un entrainement vigoureux puis ira à l’Ecole de saut de Ringway pour se faire breveter parachutiste anglais.

Ce n’est que le 4 janvier 1944, qu’il obtiendra le brevet parachutiste français avec le numéro 2 373.

1944 : A la page 61 du livre d’Henry Corta » Qui ose gagne », une photo prise en Ecosse en janvier 1944, le classe parmi le stick Botella. Le débarquement et l’heure de la libération de la France approchent et pour les parachutistes l’heure est bientôt venue de sauter sur « leur patrie bien–aimée ».

6 juin à 0 h 45. Deux avions Stirling s’apprête à lâcher ses parachutistes : le stick du Lieutenant Marienne sur la Base Dingson (secteur de Saint Marcel) dans le Morbihan puis à 1h15, le Stick du Lieutenant Botella sur la Base Samwest, dans les Côtes-d’Armor.

Ces bases devant servir à la fois de zone de parachutage et de base de ralliement pour les maquis locaux. Bien que la fiche signalétique des services de Guy Prigent fasse mention d’un saut sur la Bretagne dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, il n’est pas invraisemblable que , faisant partie du stick du Lieutenant Botella (1), il fût peut être parmi les tout premiers parachutistes SAS à sauter sur la Bretagne , cette nuit du 5 au 6 juin 1944 !

Pendant ce temps, sur la base Dingson dans le Morbihan, le groupe du Lieutenant Marienne connait aussitôt les premiers accrochages et les premières pertes SAS.

Une fois au sol, le stick Botella part se dissimuler dans la forêt de Duault. A quelques kilomètres de là, le 9 juin, un autre groupe composé de 4 parachutistes et de résistants se reposent dans la ferme Kerhamon. Alors que les allemands suivent une pancarte détournée par les maquisards pour les induire en erreur, ils découvrent par hasard ce foyer de résistance.

Ils reviennent le 12 juin et incendie la ferme. Le stick Botella se rapproche de celle-ci pour tendre une embuscade.

D’après le livre du Colonel Roger Flamand, des Paras de la France Libre) lui-même ancien SAS, Prigent pourrait avoir été blessé au pied une première fois (3), alors que le Lieutenant Botella sera au même moment plus sévèrement touché à la cuisse, avant d’être évacué.

La Base Samwest étant repérée, le Capitaine Leblond donne l’ordre d’évacuer et de rallier Dingson, la base sud.

Le jeune Prigent est alors vraisemblablement regroupé au sein du détachement du Lieutenant Déplantes. Les parachutistes seront éparpillés par petits groupes dans la campagne bretonne.

Maintenant, Guy Prigent doit, en tant que SAS, assurer seul, la formation des maquisards peu expérimentés.

Le 12 juillet dans la région de Kerihuel (Morbihan), le PC du Lieutenant Marienne succombera.

Le 14 juillet, dans les environs de Kervernen (commune de Pluméliau), 300 allemands entreprennent d’attaquer à l’aube, le maquis de Prigent alors qu’ils sont nombreux à se reposer dans le grenier d’une ferme.

Il est 5 h du matin. Deux fermes nichées dans la verdure servent de PC à la 4°Compagnie du 1er Bataillon de FTPF (devenu le 5° Bataillon FFI). Une section assure la sécurité de la place alors que deux autres sections sont cantonnées à la sortie du hameau. Négligence, fatigue, sommeil, alerte tardive, la ferme du PC est cernée sans que le groupe d’hommes ait pu s’échapper.

Les combats dureront jusqu’au début de l’après-midi, obligeant les allemands à demander par trois fois des renforts.

Ce jour-là Prigent sera blessé au pied et malgré cette blessure, il quitte précipitamment le grenier, traverse la cour de la ferme et grimpe dans un chêne têtard, ou il s’immobilise dans le feuillage, à quelques mètres de hauteur.

Il y restera sans bouger, une bonne partie de la journée et ce n’est qu’en fin de soirée qu’il en descendra, lorsque que la Croix–rouge sera autorisée à faire évacuer les 39 corps allongés dans la cour. Autant de maquisards seront également faits prisonniers ou fusillés. Du fait de leur concentration, les résistants ont subi des pertes importantes.

Toutefois, au vu des pertes allemandes (130 hommes) et malgré leurs faibles moyens, les maquisards se sont battus d’une manière acharnée.

Vers 10 heures du soir, Guy Prigent, se laisse donc choir de son arbre, est ramassé avec empressement, et placé dans le véhicule parmi les morts où d’autres corps viendront s’entasser par- dessus-lui.

Les membres de la Croix-Rouge auront pris soin de lui barbouiller le visage et les mains du sang de ses camarades.

La camionnette retournant vers Plumeliau, est arrêtée à un barrage, où les allemands ne constateront rien d’autre que des cadavres à l’arrière.

Les corps seront déposés dans la sacristie d’un couvent. Les membres de la Croix-Rouge ainsi que les religieuses, l’emporteront et le cacheront dans la sacristie de l’église. Guy y restera quelques jours avant d’être récupéré par ses camarades.

Après un repos bien mérité, il réintègrera son unité dès le 15 septembre pour des opérations sur Jeep au sud de la Loire au moment où aux Pays-Bas se déroulent les opérations Market et Garden dont l’objectif est le contrôle des ponts qui qui franchissent les principaux fleuves et canaux qui mènent à la Ruhr, cœur industriel de l’Allemagne.

L’opération sera un échec complet, et en mémoire des parachutistes tombés, le béret rouge des parachutistes britanniques porte un ruban noir en signe de deuil.

Par la suite, il sera encore de toutes les opérations sur Jeep entre le 27 aout et 10 septembre 1944.

Excellent tireur, Il se fera remarqué et cité pour la grande précision de ses tirs à la mitrailleuse.

Son unité le 4° SAS, s’étant rassemblé en l’Angleterre, il sera en tant que Caporal, parachuté sur la Hollande dans la nuit du 7 avril 1945. « Amherst» sera la dernière opération aéroportée, effectuée par le 2 et 3°SAS.

47 sticks seront parachutés malgré de très mauvaises conditions climatiques au point que les jeeps ne purent être larguées.

Largués par vent violent et visibilité nulle au –dessus des nuages pour certains, perdus, et pour d’autres noyés dans les canaux qu’ils pensaient être des routes, dispersés, éparpillés, souvent loin de leurs DZ prévues et coupés de leur commandement , les parachutistes français subiront sévèrement la réaction allemande.

Les feux de la guerre s’éteignent lentement en Europe mais perdurent en Asie. Engagé pour la durée de la guerre, il se porte volontaire pour l’Extrême-Orient.

La guerre terminée avec cinq citations, le sergent-chef Guy Prigent , il débarque pour un premier séjour en Indochine le 13 mai 1946. Il sera parachuté à Siem Reap au Cambodge le 10 aout 1946.

Cette même année, il sera une nouvelle fois blessé dans la région de Dap-Bien.

Le 27 septembre 1947 il regagne la métropole. Muté à la brigade des parachutistes coloniaux, il obtient son brevet de chef de section. Il décide de rejoindre le 6° Bpc pour un second séjour.

Il fera toute la campagne du Bataillon, ainsi que les deux sauts opérationnels sur Dien Bien Phu.

Il est encore cité deux fois, le 13 octobre 1952 et le 23 décembre 1953. Ce seront ses huitièmes et neuvièmes citations.

Décoré de la LH, Médaille militaire, Médaille de la Résistance, des croix de guerre belge et néerlandaise, de l’ ordre du Mérite Thaïe, de la croix de la Vaillance vietnamienne, l’adjudant Prigent malgré ses 14 titres de guerre, n’en conservera, pas moins sa modestie coutumière, son sourire aimable.

Sa vie fût certes courte. Mais elle fût remplie de dévouement pour son pays.

Dans une « parcelle de gloire » Bigeard dira de lui » qu’il valait un officier ».

En 1982, la 70° Promotion de l’Ecole d’Application de l’Infanterie fût baptisée du nom de l’Adjudant Guy Prigent.

M. Pierre FLAMEN et C.ROYER
Nb : A cause des risques encourus en cas de capture, les journaux de marche des parachutistes SAS sont inexistants.

Les faits n’ont été rapportés qu’après- guerre. Ce qui explique la méconnaissance des états de service de certains parachutistes.

Il convient également de relever certaines différences dans les dates concernant le passé SAS de Guy Prigent.

Ceci laisse supposer, qu’en ces périodes de guerre, la mise à jour des états de service bien qu’étant officiels, n’était pas à l’époque la priorité absolue de l’Etat-major.

-(1) Livre 2 SAS les paras page
– (2) Page 128 « Qui ose vaincra » de Paul Bonnecarrère »
-(3) les paras de la France libre du Colonel Flamand p 151

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Retour à Dien Bien Phu (07 MAI 1993 – 04 MARS 2024)

Par le LCL (er) Philippe CHASSERAIUD, vice-président ANAPI île de France.

En janvier 1993, officier adjoint à la 2ème Compagnie du 6ème Régiment Etranger de Génie, jes suis déployé au Cambodge dans le cadre de l’APRONUC (Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge). Bien que stationné à Siem Réap, à proximité immédiate des temples  d’Angor, cœur de la culture et de l’architecture khmer, mon attention se focalise sur le Vietnam voisin et en particulier sur le champ de bataille emblématique de Dien Bien Phu.

En repoussant ma date d’aération prévue à mi-mandat, je fais en sorte de pouvoir me trouver à Dien Bien Phu le 07 mai à 17h30 pour y commémorer la fin des combats !

En 1993, il n’y a plus de liaisons aériennes entre Hanoï et Dien Bien Phu. C’est donc en 4×4 que je rejoins le site par la RP 41 : un long périple de deux jours (avec une étape à Son La) qui n’a rien à envier à certaines scènes du film “Le salaire de la peur”.
Il m’aura fallu attendre plus de 30 ans pour que je revienne à Dien Bien Phu, par voie aérienne cette fois-ci, à l’occasion d’un vol agréable d’une quarantaine de minutes.

Dien Bien Phu est devenu désormais une grosse bourgade, à peine reconnaissable par rapport à mes souvenirs de 1993 où l’urbanisation galopante a grignoté la moindre parcelle de terrain encore disponible.
La ville dispose désormais d’un aéroport flambant neuf assurant des vols réguliers tous les deux jours entre Hanoï et DBP.

L’ancienne piste que j’avais pu observer en 1993, encore bordée de plaques PSP dans leur jus (cf. photo ci-dessous) a totalement disparu au profit d’une piste permettant d’accueillir désormais des Airbus A320 ou A321.

La photo ci-dessous (source internet) vous donne une idée de l’ampleur des travaux qui ont été réalisés.

Sauf erreur topographique de ma part, celle-ci a été prolongé jusqu’aux abords d’Anne-Marie II, réduisant au passage à l’état de parking les PA Anne-Marie III, Huguette I et II, Claudine I et II et Lilly. A ce jour, pas le moindre ossement n’aurait encore été retrouvé !!!

L’état des sites encore visibles est très variable. Certains ont été mis en valeur et sont régulièrement entretenus pour servir d’outils de propagande mais également répondre aux besoins du “tourisme historique” que souhaitent développer les Chinois.
Ainsi, du nord au sud, la physionomie de l’ancien camp retranché est la suivante :

Sur le site du PA Gabielle, aucun changement notable n’est remarquable depuis 1993. Un stèle marque le sommet du PA, envahi par des friches qui laissent encore deviner l’emplacement des anciennes tranchées.

On trouve à ses pieds l’un des deux grands cimetières militaires du site où reposent les corps des soldats du Viet-Minh morts lors de l’attaque du PA, pour la plupart non-identifiés.

Les sites des PA Béatrice I et II sont visiblement entretenus régulièrement (réseau de tranchés et blockhaus bétonnés), signalés et renseignés (abri du chef du PA, emplacement pièce de mortier, etc.).

Le PA Béatrice III, à l’instar de Gabrielle, est laissé en friches. Seule une stèle à son sommet rappelle son identification.

Le site de PA Anne-Marie (II) est désormais à proximité de l’extrémité de la piste de l’aéroport. Pour y accéder, on traverse le radier sur lequel une petite passerelle d’époque est toujours visible. Le site est régulièrement entretenu car utilisé par l’armée vietnamienne comme terrain de manœuvre pour ses jeunes recrues. Les réseaux de tranchées sont bétonnés et ce qui devait être l’emplacement d’un ancien abri sert désormais de zone de rassemblement.

Un grand nombre de reliques du champ de bataille et de lieux emblématiques ont été entretenus et restaurés et sont désormais à l’abri des intempéries sous des auvents avec
couverture en plexiglass.
Le PC GONO … en 1993 et aujourd’hui :

Le char “Conti” et les pièces d’artillerie (PC GONO) en 1993 et aujourd’hui :

 

Si le site des PA Eliane I et IV n’ont pas changé depuis 1993, envahis par la végétation avec simplement une stèle à leur sommet, celui d’Eliane II a été particulièrement aménagé et mis en valeur avec des tranchées bétonnées, des abris, des réseaux de barbelés reconstitués, le cratère de mine entretenu …

Le char Bazeilles ( sur Eliane Il)”en 1993″et aujourd’hui :

 

Le site d’Eliane II aujourd’hui :

Le PA Dominique II est de loin celui qui, depuis 1993, a fait l’objet de l’aménagement le plus spectaculaire.

Son sommet a été raboté en 2004 pour accueillir une gigantesque statue de la Victoire de plus de 12 mètres de haut. On y accède par un escalier en marbre composé de 320 marches (mais il est
également possible, pour les initiés de se faire déposer au plus près du sommet en voiture par un chein détourné.

En 1993 : 

Aujourd’hui :

Le PA Isabelle est marqué par une stèle sur le bord de la route. Pour trouver le véritable emplacement, il est nécessaire de bifurquer sur la droite, juste avant la stèle, par un petit
chemin pour tomber sur la Nam Youm et découvrir enfin le PA avec une nouvelle stèle marquant l’emplacement d’un char Chaffee qui assurait la protection du PA.

Aujourd’hui, il n’est plus possible de traverser en voiture le fameux pont Bailley compte tenu de sa vétusté. Seuls les vélos et les motocyclettes peuvent encore l’emprunter.
En 1993 :

Aujourd’hui :

A l’entrée se trouve l’affût de la quadruple que William connaît bien. Il semble même que son livre, “Stable dans l’instable”, soit parvenu jusque-là !

Construit bien après la bataille, ce monument est devenu un lieu incontournable pour tout Français en pèlerinage. Edifié par la volonté et l’opiniâtreté d’un homme seul, en mémoire de ses camarades de combat morts à Dien Bien, il s’agit du monument “Rodel”.
En 1993, le monument Rodel n’existe pas encore. Rolf Rodel retourne pour la première fois à Dien Bien Phu en 1992 et y découvre, au milieu de nulle part, entre maïs et cannes à sucre, une dalle en ciment réalisée dans les années 80 (auteur inconnu) sur laquelle est inscrit “Pour les morts de l’armée française à Dien Bien Phu”.
Avant de repartir pour la France, il entreprend sa restauration, car elle est en piteux état, ainsi que celle de la murette la ceinturant (partiellement disparue) et le désherbage sommaire des abords. C’est dans cet état que je découvre le site ainsi réaménagé (cf. photo 1993)

En France, Rolf Rodel avait pris soin de faire réaliser une plaque “1954 1992 A la mémoire de tous les légionnaires tombés au champ d’honneur au cours des combats de Dien Bien Phu”. Il la confie au musée (cf. photo 1993) avec la ferme intention de revenir pour réaliser un
monument digne de ce nom.

Ce sera chose faite en 1994 avec la physionomie qu’on lui connait aujourd’hui. Le site est désormais dans une zone où les cultures ont laissé leur place à l’urbanisation galopante de la ville. Depuis, le site est protégé dans un espace arboré, parfaitement entretenu par la direction du musée de Dien Bien Phu.

Enfin, la visite du site ne saurait se conclure sans un passage par le musée, dédié bien évidemment à la gloire du Viet-Minh. L’ancien musée devant lequel s’entassait un rassemblement hétéroclite de matériels militaires en tout genre a disparu pour laisser la place à un bâtiment flambant neuf, reprenant la forme générale du casque en latanier d’un Bo doï.
En 1993 :

v

Aujourd’hui :

Chacun est libre d’en penser ce qu’il veut mais certaines représentions et mises en scène expliquant le quotidien des combattants sont toutefois intéressantes. Pour ceux qui avaient encore des doutes, il témoigne également au grand jour des complicités du PCF par l’envoi de
conseillers sur place pour y organiser la propagande anti française à destination du CEFEO.

Le visiteur ne devra pas être surpris de voir la France associée à l’adjectif “colonialiste” dans tous les commentaires. Mais peut-on blâmer les autorités vietnamiennes de vouloir utiliser cette victoire comme outils de propagande à l’usage des jeunes générations ?… Première victoire d’un peuple colonisé sur son colonisateur dans l’histoire contemporaine ! Il semble néanmoins que cette rhétorique ne soit désormais sensible qu’aux oreilles des dignitaires du régime, la jeunesse vietnamienne étant aujourd’hui résolument tournée vers l’avenir.

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Cérémonie d’hommage au Lieutenant-Colonel Jules Gaucher

Par le Médecin en Chef Colonel (er) Olivier MICHEL, Président Délégué ANAPI pour la Région Centre

Le 13 mars 2024, l’ANAPI Centre a contribué à la cérémonie d’hommage au Lieutenant-Colonel Jules Gaucher au cimetière des Capucins de Bourges où se trouve le caveau familial, pour le 70 ème anniversaire de la bataille de Dien Bien Phu.

Jules Gaucher est né à Bourges le 13 septembre 1905. Saint-Cyrien de la promotion “Maréchal Galieni”, il va servir à la Légion Étrangère dans plusieurs affectations.

À partir du 1er septembre 1953 il commande la 13ème DBLE.

À Dien Bien Phu il a la responsabilité du sous-secteur centre avec son groupe mobile 9.

Ce secteur comprend Béatrice, Claudine, Dominique, Eliane et Huguette.

Il est blessé mortellement le 13 mars 1954. Une promotion de Saint-Cyr porte son nom, une rue de Bourges lui est dédiée.

Nous avons assisté à une très belle cérémonie en présence d’un détachement de la 13 ème DBLE et de son Chef de Corps le Colonel Riou.

De nombreuses personnalités étaient présentes: le Général Santoni, commandant l’école du train et de la logistique à Bourges, le Colonel de Lamerville, president de la Saint-Cyrienne dans le Cher, un représentant de la mairie de Bourges, un représentant de la promotion Jules Gaucher….

Les drapeaux de l’ ANAPI (National et Région Centre) étaient présents.

 

 

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